Petite, je n’aimais pas lire. Et adolescente… Je n’aimais pas lire non plus. Alors quand je m’y mettais, il fallait que ça ne soit pas trop long. J’ai commencé à lire beaucoup de nouvelles, surtout en ligne. Et j’ai surtout découvert que je voulais écrire des nouvelles… Ça allait devenir mon genre de prédilection. La Camille adulte a trouvé le goût de lire et l’écriture de nouvelles n’a pas cessé !

Un genre trop flou
Cet été, alors que je me baladais dans plusieurs librairies à la recherche de recueil de nouvelles, je n’ai rien trouvé. J’ai constaté alors deux choses :
- Les librairies ont été incapables de m’aider, de me conseiller, de m’aiguiller vers des auteurs du genre.
- Il n’existait AUCUNE section consacrée à la nouvelle, pourtant un genre à part entière comme peut l’être la fantasy, le policier, etc.
Moi qui porte ce genre dans mon coeur et qui ai toujours aimé écrire des nouvelles, j’ai été un peu vexée… 🥲
Mais surtout déçue.
J’ai pris conscience que pour beaucoup de personnes, ce genre était trop flou. Pour vous, à quoi correspond une nouvelle ?
Un récit court uniquement ? Les fables et les contes sont-ils pour vous des nouvelles ?
Pour la petite note historique avant de rentrer dans le côté plus technique de cet article, je peux vous dire qu’en France, la nouvelle a connu un boum de popularité au Moyen-Âge où l’on en distribuait souvent dans la rue, gratuitement aux habitants des villes. Bon, à l’époque il ne s’agit que de courtes histoires moralisatrices prêchant la bonne parole religieuse ou bien à l’inverse de récits de faits divers en tout genre : vols, viols, assassinats… Charmant ! 😎 pourtant au fil du temps, les nouvelles évoluent et portent plutôt sur de la fiction, d’abord réaliste puis très fantasy. Le thriller et le policier restent des genres privilégiés lorsqu’on s’attaque à la nouvelle et c’est complètement adapté au rythme de celle-ci.
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Écrire des nouvelles, comment ça marche (vraiment) ?
Écrire des nouvelles de fiction sous-entend très vite qu’il faut concentrer l’histoire. Et pour cause, la nouvelle ne doit en général pas excéder un certain nombre de mots pour appartenir convenablement au genre. Comme il y a plusieurs écoles, je vais vous en donner une sur laquelle je m’appuie personnellement et qui appartient à nos amis les anglo-saxons.
- L’histoire courte : moins de 7 500 mots
- La Novell : entre 7 500 et 17 499 mots
- Le roman court : entre 17 500 et 40 000 mots
Avec cette échelle vous pouvez vous rendre un peu plus compte de la contrainte de longueur qu’impose le genre, ce n’est pas une mince affaire de faire rentrer ses idées, son histoire, ses personnages et ses rebondissements dans un format si court.
Pour ma part, quand je veux écrire des nouvelles, je suis sur de “l’histoire courte”, je vais très rarement au-delà de 10 000 mots !
La chute : OBLIGATOIRE
Là aussi il y a sûrement plusieurs écoles, mais alors la mienne est catégorique, une nouvelle doit se terminer par une chute. Concrètement, c’est un rebondissement auquel on ne s’attend pas en tant que lecteur. Il faut surprendre ! 😌 attention à ne pas confondre la chute et la morale, comme à la fin d’une fable par exemple.
La nouvelle se construit finalement souvent sur le même schéma narratif que le roman avec des dialogues, un ou plusieurs personnages principaux et quelques secondaires au mieux (rarement de personnages tertiaires, car encore une fois il faut concentrer l’information !), des péripéties, un dénouement. Et ce dénouement, c’est la CHUTE.
Aller droit au but ensuite, comme je vous l’expliquais, la nouvelle est un condensé d’informations et d’histoire. Vous ne pouvez pas vous permettre dans ce genre-ci de vous laisser aller à la digression et aux descriptions de trois pages. Car sinon, le rythme est cassé (et c’est très important !) et vous vous perdez en cours de route.
La nouvelle, contrairement à ce que l’on peut penser, n’est pas du tout “plus facile” à écrire que le roman par exemple. Comme c’est un format court, il faut sans cesse retravailler la langue pour donner au lecteur un ticket aller simple pour notre cerveau. Il faut aller droit au but pour tenter de retranscrire au mieux nos idées, nos images, nos ressentis, car le style aussi est raccourci !
Une intrigue simple ?
C’est vrai qu’il est rarement question de plusieurs intrigues imbriquées lorsqu’on veut écrire des nouvelles, tout simplement parce que c’est une complication supplémentaire. Essayez d’articuler votre nouvelle sur un évènement particulier, un seul espace-temps c’est l’idéal. Ainsi, pas besoin de se perdre à décrire plusieurs lieux et le nombre des personnes présentes est aussi souvent réduit. Rendez-vous service ! 😉
Le but, à la fin d’une nouvelle surtout si vous êtes de l’équipe “moins de 7500 mots”‘, c’est que tous les éléments écrits là, servent l’intrigue. Dans une histoire aussi courte, rien n’a le droit d’être superflu, que ce soit au niveau du style ou de l’histoire.
Simple ne veut pas dire simpliste et pour le coup écrire des nouvelles n’est pas l’exercice aisé pour débuter en écriture, en tous cas c’est mon avis. C’est à mon sens un genre qui demande de bien connaître sa plume et de pouvoir tordre son cerveau, ses idées, son style littéraire pour en faire ce que l’on veut.
Pas facile donc, quand on n’a jamais écrit ?
Conseils en vrac 💡
Je mets ces petites choses auxquelles je pense ici, car elles n’ont pas forcément de lien ensemble, mais vous seront peut-être utiles lorsque vous voudrez vous lancer !
• Jouez beaucoup avec les sens
• Misez sur un rythme soutenu, des cassures, des retournements, du suspens
• Évitez les fins ouvertes : on veut de la résolution !
• Disséminez des indices insignifiants un peu partout jusqu’à la chute… Pour surprendre votre lecteur.
• Penchez-vous sur les situations absurdes, elles font de bons sujets de nouvelles.
• Évitez de partir dans l’écriture sans connaître la chute, la nouvelle devrait se construire à partir de celle-ci.
• Une fois exercé, pensez à écrire des nouvelles avec plusieurs grilles de lecture.